Cela ne cesse de faire débat en France : Nous avons la pression fiscale la plus élevée au monde.
Pour quels résultats ? Et surtout quelle différence avec un pays comme le Danemark, qui est juste derrière nous ?
Le taux de prélèvements obligatoires a atteint 46,2 % du PIB en 2018. Il s’est stabilisé en 2021 également à 46,1%.
Pour rappel, Georges Pompidou lui-même disait : «Au-delà de 40% de prélèvements obligatoires, une société devient socialiste».
Mais nous sommes loin d’être le seul pays qui a accru ses prélèvements obligatoires. En effet, dans toutes les démocraties occidentales, la pression fiscale a connu une tendance haussière sur la moyenne des dix dernières années.
La pression fiscale
Le premier point intéressant est la répartition de cette pression fiscale.
Quelle est la répartition ?
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’impôt sur le revenu en France a peu d’impact. Il ne représente que 18,8% du total (contrairement aux USA, où il représente 40,3% ou au Danemark où il représente 53,5%).
A l’inverse, les cotisations sociales, elles, représente 36,8% des recettes totales chez nous (contre 0,1% au Danemark).
L’avis des « populations »
Ce qui est intéressant, c’est la différence de perception de ces prélèvements par les populations.
En France, deux français sur trois sont à la recherche d’avantages fiscaux pour… payer moins d’impôts.
Autre point primordial : Seulement 51 % des Français seulement jugent que le paiement des impôts est justifié au regard de la qualité de nos services publics.
Pire, 81% des français interrogés estiment que le montant des impôts et taxes n’est pas bien utilisé par les pouvoirs publics.
Est-ce que le problème ne viendra pas plutôt de là ?
À l’inverse, 80% des Danois trouvent normal de payer des impôts, ils sont même 12% à trouver qu’ils n’en paient pas assez.
Le fonctionnement de l’impôt au Danemark
Comment est-ce possible qu’une population « aime » autant payer des impôts alors qu’elle est l’un des pays avec la pression fiscale la plus importante ?
Le système de prélèvement
Premier point de différenciation : Tout le monde pait des impôts. Oui tout le monde !
Que ça soit les salariés, les retraités, les chômeurs ou même les étudiants, ils paient tous un minimum d’impôts (pour responsabiliser la population ?).
Par ailleurs le système de prélèvement, pour rappel n’est pas du tout le même.
Au Danemark, les impôts directs (impôts sur les revenus et impôt sur les sociétés) sont les principales sources de recettes, représentant 29,1% du PIB (contre 13,9% pour la France).
À l’inverse, le ratio des cotisations sociales rapporté au PIB n’est que de 0,1% au Danemark, alors qu’il représente 16,2% du PIB en France.
C’est pourquoi le Danemark reste le champion d’Europe des recettes fiscales issues de l’impôt sur le revenu.
Le financement de la protection sociale y est assuré par l’IR, ce qui explique ce pourcentage si élevé. C’est l’inverse de la France, qui, pour financer les assurances maladies, le chômage ou les retraites passe par les cotisations sociales.
C’est pourquoi nous nous retrouvons avec une pression fiscale similaire.
Les Danois et les impôts
Pour introduire cette partie, je vous invite à regarder ce très court reportage de France 2, sur la perception des danois et des impôts.
Un passage est vraiment à retenir à mon sens, celui du couple d’étudiant, qui a un enfant et paie plus de 30% d’impôts (ce qui ferait scandale en France).
Mais ici, c’est loin d’être le cas. Pourquoi ?
Le jeune homme insiste notamment sur ce fait : « On rend à la société ce qu’on nous a donné« .
Qu’est-ce qu’on leur a donné ?
Et bien pas mal d’avantages en effet :
- Un logement avec un loyer très modéré de 300€ par mois
- L’accès à un jardin d’enfants complètement financé par l’État
- La gratuité de leurs universités
Par ailleurs, tous les soins médicaux, même les plus chers sont gratuits.
Enfin, en cas de perte d’emploi, l’État assure 2 ans de chômage à hauteur de 90% du dernier salaire.
Tout cela étant enseigné aux enfants, dès leur plus jeune âge, afin qu’ils comprennent l’utilité de leur futurs impôts.
Les grandes différences entre France et Danemark
Deux points essentiels sont à retenir à mon sens :
- La simplicité des prélèvements, qui facilite sa compréhension au Danemark
- Le sentiment des populations de voir concrètement le retour de leurs impôts
Le niveau des services publics
Alors qu’en France, les hôpitaux et les écoles ne cessent de se dégrader, avec des services et classes qui ferment, le Danemark offrent à sa population des services publics de grande qualité, qui rendent « heureux » leur population.
C’est à mon sens un exemple de pays « socialiste » où il y a un vrai équilibre entre fort prélèvement et service publics de qualité.
La « Flexisécurité » sur le marché du travail
C’est également une particularité danoise, qui leur permet d’atteindre le plein emploi (moins de 5%) depuis des décennies : la flexisécurité.
Le principe est simple : Il permet aux entreprises de se séparer facilement de leurs salariés (si il y a une baisse d’activité par exemple). En échange, le salarié reçoit une allocation-chômage très élevées (90% de son salaire) et un vrai suivi de formations.
À noter que les chômeurs sont extrêmement contrôlés, avec le risque du radiation si ils ne sont pas en recherche active d’emploi.
Pour aller plus loin, voici un reportage de France 2, sur le fonctionnement :
Plusieurs éléments sont à noter :
- Les employés travaillent environ 37H par semaine (mais l’employeur peut leur demander de travailler jusqu’à 57H si l’activité augmente)
- Les règles pour les chômeurs sont très strictes
- Si le candidat n’envoie pas 2 candidatures par semaine, il peut perdre ses allocations
- Plus de la moitié des chômeurs retrouvent un emploi dans les 6 mois
- Plus de 80% de la population est syndiqué (contre 11% en France) et travaille main dans la main avec la patronat.
- Les syndicats forment même leurs salariés aux tendances du marché du travail
Il semble y avoir un juste équilibre dans ce pays, entre salarié / patronat, prélèvement / service et flexibilité / sécurité. Le pays est pour rappel 10 fois plus petit que la France, ce qui facilite sans doute le dialogue et la mise en place de certaines réformes.